Premier dispositif d’amorçage en France, le Concours national d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes « i-Lab » fait aujourd’hui partie des rendez-vous incontournables pour les start-up prometteuses. Parmi les lauréats de cette année : Skymab Biotherapeutics, une société de biotechnologie actuellement incubée chez IncubAlliance Paris-Saclay. Retour sur un succès avec Aiphi Nguyen, cofondatrice et CEO de Skymab.
Pour commencer, pouvez-vous nous présenter Skymab en quelques mots ?
Skymab est une société de biotechnologie, « spinoff » du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) dont le métier est la recherche de cibles, le design, l’ingénierie et le développement d’anticorps dirigés contre les RCPG, une grande famille de cibles thérapeutiques dans le domaine de l’oncologie pour des applications thérapeutiques et diagnostics. Concrètement, grâce aux deux brevets dont le CEA nous concède la licence, nous concevons et déployons des programmes scientifiques en vue de développer des bio-médicaments pour le traitement de tumeurs solides.
Pourquoi avez-vous choisi de canditater au concours i-Lab ?
Si i-Lab faisait partie du paysage des « choses à faire » pour une jeune biotech comme la nôtre, je dois avouer qu’initialement je n’avais pas prévu d’y participer cette année. L’idée a commencé à faire son chemin fin 2019, lors d’un rendez-vous avec InnoBio, le fond d’investissement de Bpifrance dédié aux entreprises du secteur de la santé. Dans le cadre de cet entretien, mes interlocuteurs m’ont expliqué qu’i-Lab était considéré comme un bon indicateur de qualité par la plupart des investisseurs et que j’avais donc tout intérêt à y participer au plus vite. Ce que j’ai décidé de faire début 2020, en déployant beaucoup d’efforts ! J’y ai en effet consacré énormément de temps dès que je le pouvais, soir et week-end, pendant plus d’un mois jusqu’au moment de remettre mon dossier mi février.
Que s’est-il passé ensuite ?
J’ai dû attendre jusqu’au 23 mars pour apprendre que j’étais sélectionnée pour pitcher la deuxième semaine d’avril. Un pitch que j’ai une nouvelle fois énormément travaillé et qui, confinement oblige, a eu lieu en visio ! Entre temps, j’ai aussi dû passer une sorte de test pour déterminer mon profil d’entrepreneur et un entretien avec un coach d’In Extenso qui, a priori, se sont bien passés.
Comment avez-vous reçu la nouvelle de votre nomination parmi les lauréats… ainsi que de l’obtention d’une subvention dont on sait qu’elle se situe en général entre 200 et 300 000 euros ?
Nous l’avons apprise par mail courant juin. Nous nous sommes bien sûr réjouis de voir notre travail récompensé et la qualité de notre projet reconnu par un jury de professionnels référents dans le monde de l’innovation. Cela a donc été une bonne surprise, même si, la faisabilité de notre programme ne repose pas sur l’obtention de la subvention i-Lab. Après une première levée de fonds et une labellisation French Tech Seed nous ayant ouvert la porte de divers dispositifs de financement de Bpifrance, nous disposons aujourd’hui des ressources nécessaires pour engager notre programme. Toutefois, il est évident que la subvention i-Lab contribuera à sécuriser et renforcer notre démarche au-delà du vrai coup de projecteur dont la société bénéficie.
Ce programme, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Il consiste à positionner notre molécule pour la phase de développement préclinique. Une étape essentielle non seulement sur le plan scientifique puisqu’elle nous permet de transformer une molécule en candidat thérapeutique éligible pour le développement d’un médicament. Mais aussi du point de vue de notre roadmap financière puisque, en renforçant notre crédibilité auprès des investisseurs du fait de ce premier succès, elle augmente nos chances de lever des fonds auprès de ces derniers.
Quel rôle IncubAlliance joue-t-il à vos côtés ?
Un rôle de facilitateur. Lorsque l’on créé une entreprise innovante, le panorama des dispositifs existants et des démarches à effectuer est tellement immense que l’on peut vite s’y perdre. Dans cet écosystème complexe, les conseillers d’IncubAlliance apportent un conseil précieux et facilitent grandement les mises en relation. Portant un regard extérieur sur notre projet, ils nous permettent de prendre de la distance sur notre travail, de confirmer certains montages et orientations et de nous aider à en ajuster d’autres.
En bref, quels conseils donneriez-vous aux futurs candidats au concours i-Lab ?
Je leur dirais que tous les détails comptent et qu’il ne faut négliger aucune étape, ni du conséquent dossier d’une trentaine de pages qui est à rédiger ni du pitch de 30 minutes que l’on est appelé à présenter. Pour ma part, j’ai vraiment défendu mon projet en abordant chaque étape comme une plaidoirie : je me suis dit que sur chaque phrase, chaque chiffre, chaque schéma, il me fallait non seulement raconter une histoire mais que chacune d’elle devait contribuer à soutenir la robustesse et la qualité du projet ! Bref, il faut beaucoup travailler… et croiser les doigts pour avoir un peu de chance ! Car au final, i-Lab reste un concours où l’on ne sait jamais qui sont nos concurrents.
Pour en savoir plus sur Skymab : https://skymab-biotherapeutics.com