C’est à un passionnant voyage de Moscou à Paris, que nous invite Ekaterina Shilova dans ce portrait surprenant. Aujourd’hui PDG d’AJELIS, une start-up spécialisée dans la conception de matériaux filtrants pour la dépollution de l’eau et pour le recyclage des métaux, Ekaterina a en effet accepté de revenir avec nous sur les raisons qui l’ont poussée à quitter sa Russie natale et à se lancer en France dans la création d’entreprise, après une expérience entrepreneuriale déjà riche… Portrait d’une serial-entrepreneuse au caractère bien trempé.

 

Quel a été ton parcours avant de te lancer dans l’aventure de la création d’entreprise ?

Après avoir obtenu en Russie mon diplôme d’ingénieur en chimie, j’ai décidé de poursuivre mes études par un travail de recherche. J’ai donc fait une thèse en chimie organique en partenariat avec l’Université de la Méditerranée Aix-Marseille II, ce qui m’a amenée à poser, une partie de l’année, mes valises en France et surtout par la suite, dans le cadre de mon post-doc au CEA, à rencontrer les deux personnes qui allaient devenir mes associés dans l’aventure AJELIS.

C’est donc en France qu’est née chez toi l’envie d’entreprendre ?

Pas du tout ! Avant de créer Ajelis, je m’étais déjà impliquée en Russie dans la création de deux entreprises. Pendant la première partie de mes études, j’ai en effet participé à la création d’un collège privé qui existe d’ailleurs toujours à Moscou et qui compte aujourd’hui plus de 7 départements. Ce travail m’a permis de me familiariser avec les techniques de vente BtoC. Dans le cadre de ma thèse, j’ai ensuite créé Discovery Lab, une entreprise qui fournissait des synthèses de molécules à façon aux grands groupes pharmaceutiques - ce qui a permis de financer mes projets de recherche -  et qui a par la suite été reprise par l’Institut pharmaceutique de Moscou.

AJELIS est donc déjà ta troisième entreprise ! Peux-tu nous en raconter l’histoire ? 

En 2010, j’ai quitté Marseille pour effectuer mon post-doc au CEA. Dans le cadre de mes recherches, j’ai concouru et remporté en juillet 2014 le Concours Mondial de l’Innovation. Avec mes collègues de l’époque, nous avons alors décidé de créer une entreprise. Fruit d’un partenariat entre le CEA et l’Université Paris-Sud, AJELIS s’inscrit donc dans la continuité de mes travaux de recherche. Concrètement, nous travaillons à la conception de matériaux filtrants à base de fibres pour la récupération de polluants et de métaux stratégiques d’eaux industrielles.

Quels ont été les principaux obstacles auxquels tu as pu te heurter ?

Dans mon cas, évidemment, en premier lieu la barrière de la langue ! Alors que dans le monde académique tout le monde parle anglais, je me suis très vite aperçue que ce n’était pas forcément le cas partout en France, et notamment au sein des administrations… Il a donc fallu que je fournisse un effort très important pour pouvoir m’exprimer correctement en français. Ensuite, lorsque l’on monte une start-up alors que l’on vient de la recherche, il faut également travailler à ce que tout le monde autour de vous acquière l’esprit business indispensable à la bonne gestion d’une entreprise.

Pourquoi avoir choisi IncubAlliance ?

Parce qu’en tant qu’incubateur mutualisé de l’Université Paris-Saclay, il était pour nous un interlocuteur naturel compte-tenu de notre origine académique. C’est donc assez spontanément que nous avons décidé d’y domicilier notre entreprise.

Quels conseils donnerais-tu à ceux qui envisagent l’aventure de l’entrepreneuriat ?

De faire preuve de flexibilité et de savoir doser son effort. Créer une start-up c’est s’engager, non pas dans un sprint, mais dans un marathon ! Il est donc important de maîtriser son temps pour faire ce qu’il y a à faire non seulement pour développer l’entreprise, mais aussi pour rester en forme ! A titre d’exemple, pour intégrer AJELIS, tous les membres de notre équipe ont été soumis à la même condition : faire du sport pour supporter le rythme de travail intense auquel sont aujourd’hui soumis les start-up.

Quels sont les projets d’AJELIS ?

A très court terme, nous envisageons la commercialisation de notre premier produit et l’installation de nos matériaux sur les sites de nos clients industriels. Nous travaillons également à l’adaptation de nos matériaux pour le traitement de l’air, dans le but d’explorer de nouveaux marchés.

Pour en savoir plus sur AJELIS : http://www.ajelis.com