C’est après un parcours scientifique classique d’ingénieur docteur et un début de carrière fort prometteur en Asie, que Maxime Projetti a fait le choix de revenir en France pour donner naissance à Moten Technologies, une start-up spécialisée dans la mesure des facteurs de risques biomécaniques à l’origine des TMS. Retour sur l’itinéraire de ce fondateur lauréat de la Fabrique Aviva en 2019.

 

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre vie d’avant Moten Technologies ?

Dans le cadre de mes études, j’ai suivi un parcours scientifique assez classique. Après avoir obtenu mon diplôme d’ingénieur mécanicien, j’ai débuté une thèse CIFRE avec l’école Centrale Paris et Schlumberger dans le cadre de laquelle je devais développer des capteurs miniatures pour la prospection sismique pétrolière. Immédiatement après avoir soutenu cette thèse en 2014, j’ai eu la chance de me voir proposer par Schlumberger la possibilité de partir au Japon. Une opportunité que j’ai bien sûr saisie.

 

Vous étiez donc encore loin de la démarche entrepreneuriale ?

Oui et non. Dès mon doctorat, je me suis intéressé à l’idée de la création d’entreprise. J’ai même suivi une formation qui s’appelait « 24 heures chrono de l’entrepreneuriat » dans laquelle je devais, avec des camarades, plancher sur un projet, pour aboutir à un pitch devant des industriels. J’ai donc toujours eu cette appétence pour l’aventure entrepreneuriale.

 

Pourquoi ne pas vous être lancé à l’issue de votre doctorat ?

Parce qu’il était important pour moi de commencer par faire mes armes dans de grands groupes industriels, pour apprendre bien sûr, mais aussi pour gagner en légitimité scientifique. Je voulais vraiment bétonner le socle scientifique et technique sur lequel j’allais devoir bâtir par la suite.

 

Vous partez donc au Japon en 2014 pour Schlumberger… Que se passe-t-il ensuite ?

Je travaille 2 ans au Japon puis l’on me propose de devenir consultant chercheur pour le gouvernement vietnamien qui travaillait sur un projet de smart city. J’avais pour mission, avec l’équipe que nous avions constituée au Japon, de les accompagner dans la fabrication de capteurs made in Vietnam. Ce que j’ai fait pendant 3 ans avant de revenir en France.

 

Une mission a priori passionnante… Qu’est-ce qui vous a poussé à rentrer ?

Lorsque j’étais au Japon, j’ai fait la rencontre de celui qui allait par la suite devenir mon associé. A l’époque, il avait déjà un projet de création de start-up dédiée à la conception d’exosquelettes. Mais, comme il avait un profil plutôt commercial, il recherchait quelqu’un disposant de compétences techniques. Nous avons donc commencé à travailler à distance autour de ce projet en même temps que nous préparions notre retour en France qui eut lieu en septembre 2018. Et c’est alors que nous avons créé Moten Technologies.

 

En quelques mots, que proposez-vous ?

Initialement l’ambition était de concevoir un exosquelette, activé selon la fatigue musculaire de son porteur, pour alléger la pénibilité du travail et lutter contre les troubles musculo-squelettiques (TMS). Mais très vite, grâce au soutien d’IncubAlliance qui a commencé à nous accompagner dès octobre 2018, nous nous sommes rendus compte que nous entrions avec beaucoup de retard sur le marché des exosquelettes et que notre spécificité n’était pas là mais bien dans nos capteurs d’effort musculaire. Nous avons compris, en rencontrant des professionnels du BTP désireux d’améliorer les conditions de travail de leurs employés, que, plus que l’exosquelette, c’était notre capacité à mesurer la charge physique de travail qui les intéressait dans notre projet. Nous avons donc effectué un pivot et réorienté notre vision dans ce sens à partir de janvier 2019.

 

L’année 2019 a donc été importante pour vous ?

Oui c’était un peu une année test ! Et on peut dire que le test a été concluant puisque nous avons obtenu une bourse French Tech de la BPI en avril – ce qui nous a permis de faire la preuve de concept –, nous avons été lauréats du concours d’innovation de la Fabrique Aviva – ce qui nous a permis de développer notre prototype –, nous avons lancé une POC dans le monde du BTP, nous avons déposé un brevet et nous avons même pu commencer à facturer des prestations avec un groupe industriel agro-alimentaire. Par ailleurs, nous avons pu recruter notre première salariée, Marie-Anne Grangeret, qui est ergonome junior certifiée.

 

Dans ce parcours de création, quels ont été les obstacles auxquels vous avez été confronté ?

Déjà mon retour en France. Quand on revient d’expatriation, on ne peut pas par exemple bénéficier du Compte Personnel de Formation (CPF) de Pôle Emploi, ce qui complique un peu la démarche dans la mesure où il faut être en mesure de s’auto-financer. Après je dirais que lorsque l’on a comme moi un profil très technique, avec tous les schémas mentaux qui vont avec, il faut savoir sortir de sa zone de confort, s’ouvrir à d’autres sphères et accepter de convertir le perfectionnisme de l’ingénieur en pragmatisme de terrain. Ce n’est pas toujours évident, mais c’est un challenge que je souhaite à tous !

 

A l’inverse, quels ont été vos soutiens ?

IncubAlliance a indéniablement joué un rôle majeur dans la consolidation de notre projet lors de notre participation au Genesis Lab, puis par la suite grâce au conseil bienveillant que nous y recevons. Cet accompagnement est précieux : il est une sorte de garde-fou qui nous évite d’avancer sans filet, d’éviter certaines erreurs et gagner du temps.

 

Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur en herbe ?

De croire en son projet en s’entourant très tôt des bonnes personnes. Et de ne pas oublier qu’une relation d’associés se fonde, non pas uniquement sur une complémentarité de compétences, mais bien sur un profond partage des valeurs. Car si avec un peu de travail il est toujours possible d’acquérir des compétences, les valeurs de l’associé, elles, ne changeront pas. Il faut donc énormément discuter pour être sûr d’être en phase dès le début sur ce que l’on attend de son projet. Après, quels que soient les obstacles : persévérance !

 

Pour en savoir plus sur Moten Technologies : https://www.moten-tech.com