Entrepreneur, Claudiu Sirbu l’était déjà lorsqu’il décida en 2018 de rejoindre l’incubateur SQYCub pour fonder LiveConsent, une start-up proposant un service d’engagement contractuel en ligne . Son objectif à l’époque : « start-upiser » l’une des solutions technologiques développées dans son entreprise pour en faire un service à part entière. Une démarche qui, bien que s’inscrivant dans une forme de continuité, bouleversa profondément sa manière de travailler et d’envisager son activité. De l’entreprise familiale à la création en mode start-up, voyage en entrepreneuriat avec Claudiu Sirbu.

 

Et si nous tentions de résumer les 15 premières années de votre vie professionnelle ?

Diplômé de l’EM Lyon en 2000, j’ai immédiatement intégré un cabinet de conseils en organisation et système d’information. J’y ai été consultant puis directeur de projets pour plusieurs grands comptes pendant une dizaine d’années. En 2008, en parallèle de cette activité de salarié, j’ai co-fondé avec ma mère, Almetis, une société spécialisée dans la dématérialisation des procédures en entreprises. Almetis, s’inscrivait dans la continuité des activités entrepreneuriales de mes parents dans le domaine de l’édition de logiciels et de la sécurité informatique. J’ai commencé à m’investir, financièrement dans un premier temps puis plus globalement par la suite. Ce n’est qu’en 2011 que j’ai décidé d’abandonner le métier de consultant pour me consacrer au développement d’Almetis.

 

Avec deux parents ingénieurs à la tête de leur entreprise, le moins que l’on puisse dire c’est que l’univers entrepreneurial ne vous était pas inconnu…

Effectivement, j’ai toujours baigné dans un univers à la fois informatique et entrepreneurial. Pour autant, je n’avais pas forcément vocation à créer et diriger ma propre entreprise. Si je me suis lancé dans la création d’Almetis, c’est vraiment au départ pour soutenir mes parents. Et ce n’est que progressivement et aussi parce que je commençais à ressentir une forme de routine dans mon métier de consultant, que j’ai décidé de faire un pas supplémentaire et de m’y consacrer à 100%.

 

On est alors en 2011. A ce moment là, quelle est votre ambition ?

Je suis alors convaincu qu’il est urgent de repositionner les solutions très technologiques d’Almetis – car conçues par des ingénieurs - dans des contextes d’utilisation et des problématiques marchés plus précises. Je prends donc la décision de nous positionner sur des solutions de signature électronique orientée applications bureautiques. Problème à l’époque : si la signature électronique permettait de se passer du papier, elle était encore difficilement accessible en termes d’utilisation pour nombre de petites et moyennes entreprises. Il nous fallait donc imaginer une solution simple d’accès et plus rapide si nous voulions toucher un plus gros volume de clients. En 2015, nous avons donc développé un démonstrateur, suivi d’une première version commerciale – LiveConsent - que nous avons eu la chance de pouvoir déployer, avec succès, au sein du service des stages de l’Ecole Polytechnique qui allait devenir notre premier client sur ce produit. Un premier client rapidement suivi par beaucoup d’autres en 2016 alors même que nous n’avions aucune démarche marketing sur cette nouvelle solution. Nous étions alors conscients de la nécessité de passer à la vitesse supérieure, mais nos ressources étant toujours dirigées vers d’autres projets développés au sein d’Almetis, nous avons laissé les choses se développer naturellement, sans business model spécifique.

 

Quand donc votre nouvelle solution LiveConsent a-t-elle quitté le giron d’Almetis ?

En 2018. Je me suis alors dit qu’il était trop dommage de ne pas exploiter pleinement les potentialités de cette solution dont je savais déjà qu’elle rencontrait facilement son public. C’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée de « start-uppiser » cette solution technologique pour en faire un service. Il me fallait donc créer un business model ad hoc : abandonner le modèle d’éditeur de logiciels pour devenir opérateur de services. Et c’est pour y parvenir que je me suis tourné vers l’incubateur SQYCub, en partenariat avec IncubAlliance, qui m’a permis d’intégrer le Genesis Lab en septembre 2018 après avoir quitté mes fonctions opérationnelles chez Almetis. 

 

Quitter ainsi la société co-fondée avec votre mère a du être une décision difficile ?

Oui et non. Je crois que j’avais vraiment besoin de changer d’environnement pour me dédier enfin à LiveConsent dont je pressentais depuis des années que c’était une solution d’avenir. Dans le cadre du Genesis Lab, j’avais enfin le temps de m’y consacrer.

 

Que vous a appris le Genesis Lab à vous qui dirigiez une entreprise depuis plusieurs années ?

Déjà qu’il existe différents types d’entreprises et donc d’entrepreneurs ! Jusque là pour moi, un entrepreneur était quelqu’un qui avait une idée, qui la mettait en œuvre et qui en manageait le résultat sur un marché établi avec des codes définis. Je n’avais jamais envisagé ce que pouvait être la création d’une entreprise en mode start-up, à savoir : identifier une problématique marché, tenter de sortir des codes établis pour y répondre et donc porter un projet dans un environnement marqué par une incertitude extrême. C’est cette logique de l’incertitude qui caractérise à mon sens le modèle de la start-up et qui a été pour moi une révélation et un moteur.

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur cette prise de conscience plus personnelle ?

J’ai pris conscience en faisant le Genesis Lab que je n’ai jamais aimé entrer dans des zones de confort et qu’il m’a toujours fallu changer d’air dès qu’une forme de routine s’installait : cela a été le cas avec mon activité de consultant, mais aussi chez Almetis où, bien qu’à la tête d’une entreprise, je finissais par être sur des rails. En mode start-up, tout est différent : l’incertitude créé une excitation qui pousse à sortir des sentiers battus et des codes établis pour trouver des solutions. Or trouver des solutions supposent de savoir s’entourer, non pas seulement de collaborateurs, de clients et de consultants, mais aussi de pairs et de mentors. C’est aussi une chose que j’ai apprise à IncubAlliance et ce dès le Genesis Lab qui m’est très vite apparu comme un mini laboratoire de vie où j’ai trouvé passionnant d’échanger et d’avancer avec les autres porteurs de projets. Je crois qu’à la fin des 6 semaines de formation, à force de cogiter tous ensemble, nous aurions pu pitcher les projets les uns des autres les yeux fermés !

 

Vous aimez à dire qu’être entrepreneur c’est « agir de son propre chef » … Qu’est-ce qui vous plait dans cette expression ?

Non pas l’idée d’être chef, comme on pourrait le croire, mais l’idée d’agir qui est selon moi indissociable de celle de l’incertitude. Je m’explique. Lorsque l’on est dans sa zone de confort, il peut arriver que l’on ait de bonnes idées, que l’on se dise « et si je tentais ceci », mais parce qu’on prend le temps de la réflexion, il est rare que l’on passe à l’action… En mode start-up, on n’a pas d’autres choix que d’avancer, que de poser des pierres les unes après les autres, si l’on veut arriver à temps sur le marché. Cette dimension de l’action est d’ailleurs très présente dans l’accompagnement d’IncubAlliance, les executive managers qui nous suivent nous demandant très régulièrement des « comptes » sur les actions concrètes que l’on a réalisées pour faire avancer notre projet. 

 

Si vous aviez un conseil à donner à un jeune entrepreneur, quel serait-il ?

D’apprendre à gérer son temps ! Aucune formation ne nous y prépare sérieusement alors que c’est une dimension essentielle dans toute activité professionnelle en général et dans le monde de la start-up en particulier où les contraintes sont très fortes. Contrairement à un boulanger qui sait quand il doit faire son pain et quand il doit le vendre, le start-upper a mille choses à faire et aucun cadre préétabli qui lui dit par quoi commencer. Il doit donc apprendre à prioriser les chantiers en cours et s’atteler aux tâches prioritaires quand bien même, par goût personnel, il préférerait se consacrer à d’autres plus attrayantes à ses yeux ! Or pour ce faire, il faut qu’il arrive à mettre en place des routines, sans pour autant tomber dans la routine ni dans la rigidité, donc en restant flexible pour pouvoir les modifier si nécessaire. Cet équilibre est d’autant plus essentiel à trouver pour un start-upper, qu’en phase d’accélération, ses interactions augmentant, il ne pourra suivre le rythme que s’il sait doser le temps à consacrer à chacune…

 

Pour en savoir plus sur LiveConsent : https://www.liveconsent.com/fr/