Avec un premier gros contrat signé avec 250 centres Emmaüs, une invitation à présenter sa solution au préfet le 20 janvier, et une admissibilité au concours Graine de Boss sur M6, le moins que l’on puisse dire c’est que 2020 commence sur les chapeaux de roues pour la jeune start-up Hiero. Un succès dû en grande partie au dynamisme de sa fondatrice, Babel Balsomi, qui à 27 ans à peine, n’hésite pas à faire bouger les lignes du monde de la traduction. Portrait d’une femme pour qui l’entrepreneuriat semble être une deuxième nature !

 

A priori, chez vous, l’entrepreneuriat semble être une affaire de famille ?

Absolument ! Chez moi, les femmes sont indépendantes de mère en fille ! Avec une mère à la tête de son business dans la restauration et une grand-mère avocate, je crois que j’ai toujours grandi avec cette idée d’être un jour mon propre patron. Depuis toute petite, je savais que je me lancerai moi aussi dans la création d’entreprise dès lors que j’aurais trouvé le bon projet pour le faire.

 

Ce bon projet, comment l’avez-vous trouvé ?

Au cours de mes études ! Après un master en LEA au cours duquel j’ai identifié un besoin dans le domaine de la traduction assermentée, j’ai décidé de faire un master en gestion de l’innovation pour être en capacité de transformer mon constat en projet de création d’entreprise. En parallèle et par la suite, j’ai travaillé comme commerciale export sur les zones Asie, Benelux, Moyen Orient, ce qui m’a permis de cerner plus précisément le problème des délais de traduction à l’international. Les contours de mon projet commençant à se dessiner plus précisément, j’ai décidé de faire le HEC Challenge + en 2018 puis de rejoindre IncubAlliance en intégrant le Genesis Lab en avril 2019. C’est alors que les choses ont commencé à s’accélérer avec la réalisation de notre premier prototype HIERO.

 

Concrètement, que permet HIERO ?

HIERO est la première plateforme permettant de trouver un traducteur assermenté disponible dans près de 30 langues, partout dans le monde, en moins d’une minute, à moins de 3 kilomètres du demandeur. Une fois le traducteur trouvé, celui-ci est en mesure de livrer une traduction en moins de deux heures. Ces performances uniques, nous les avons atteintes en automatisant toutes la phase archaïque de la traduction. N’ayant plus à reproduire manuellement le document à traduire, ni à s’adapter à la culture du pays d’origine, le traducteur voit en effet son temps de production réduit de 70%. A ce jour, HIERO est opérationnel et compte déjà plus de 2 500 traducteurs inscrits.

 

Ce projet semble susciter l’intérêt si l’on s’en tient à votre actualité de ce début d’année…

Oui, nous avons en effet eu la chance de présenter notre solution au préfet de l’Essonne à Courtaboeuf le 20 janvier puis avons été reçus une semaine plus tard par Christelle Dubosc, secrétaire d’Etat aux Solidarités et à la santé. Nous avons également été sélectionnés au concours Graines de Boss de M6. Mais au-delà de cette reconnaissance institutionnelle, nous nous réjouissons surtout d’avoir signé notre premier gros contrat avec 250 Emmaüs en France.

 

Depuis la création de HIERO, à quels obstacles avez-vous été confrontée ?

Tout d’abord à la barrière de l’âge : se présenter sur le marché avec un projet ambitieux quand on a que 27 ans n’est pas évident, dans la mesure où notre légitimité est toujours remise en question. Cela étant, cela ne m’impressionne pas outre mesure. J’ai beau être jeune, je me prépare depuis des années à ce projet et je sais par ailleurs que le caractère innovant et la performance de ma plateforme sont en soi la meilleure réponse que je puisse apporter face aux éventuelles doutes. Autre barrière : celle du produit en lui-même. Dès que j’ai commencé à parler de mon projet, je me suis vite rendue compte que beaucoup de personnes avaient du mal à en comprendre l’intérêt car elles ne savaient tout simplement pas ce qu’était une traduction assermentée. Alors que c’est une des problématiques cruciales des entreprises tournées vers l’international. Je suis donc obligée de consacrer beaucoup de temps à « évangéliser » pour faire bouger les choses dans le monde des traducteurs en France qui reste, dans l’ensemble, assez figé.

 

Quels conseils donneriez-vous à un jeune entrepreneur ?

De s’entourer très tôt des bonnes personnes. C’est à mon sens ce qui conditionne le plus le succès d’un projet. A titre d’exemple, je pense que mon projet ne serait pas aussi avancé si je n’avais pas eu la chance de croiser la route d’IncubAlliance et de bénéficier au quotidien d’un accompagnement sur les aspects technologiques, commerciaux ou humains. Je dirais qu’il est par ailleurs déterminant d’être opiniâtre et de savoir apprendre de ces erreurs pour avancer. Car au fond, même lorsque les difficultés se présentent, c’est au porteur de projet de croire en son projet et d’être persévérant !